Depuis neuf ans, j'ai le plaisir et l'honneur de collaborer à l'organisation de Trans-mutation, une université d'été pour dirigeants du public et du privé. Bande d'amis, passionnés par cette initiative associative, nous ambitionnons d'accompagner une mutation de notre Société vers un bien-être durable et partagé. Nous proposons de revoir ensemble, de manière fondamentale, nos modes de réflexion, nos stratégies et nos comportements. Chaque année, un thème est choisi par notre équipe. Pour notre édition 2018, nous avons choisi un sujet complexe, difficile, sensible : "Inégalités et Progrès".

Vous lirez ci-dessous le texte que j'ai rédigé pour notre programme, en espérant qu'il stimulera, chez vous aussi, l'envie d'agir. L'événement est "sold-out" depuis 10 mois, mais les vidéos des interventions des orateurs seront en principe diffusées sur la chaine youtube de l'association. Vous y trouverez aussi les vidéos des précédentes éditions.

Inégalités et progrès

Depuis des millénaires, l’être humain se bat pour sa sécurité, sa liberté, son bien-être, et ceux de sa famille, de ses proches, de ses pairs… Poussé par ses désirs plus ou moins conscients, il cherche à améliorer la qualité de sa vie, son confort, et celui des siens. Il cherche à progresser et à tirer parti des bienfaits de ces progrès.

Nous sommes, par nature, inégaux

Face à cette quête, les hommes ne sont pas égaux. Ils naissent et se développent avec de multiples différences :

  • Différences physiques : genre, race, taille, poids, force, santé, apparence, capacités, aptitudes…
  • Différences mentales, sensorielles et psychiques : intelligences, quotient intellectuel, quotient émotionnel, talents, sensibilité, force de caractère, estime de soi…
  • Différences culturelles et politiques : systèmes de valeurs, droits individuels et collectifs, éducation, accès aux connaissances, relations interpersonnelles, autonomie, liberté de pensée, d’action, d’expression, sexuelle…
  • Différences économiques et sociales : groupe social d’origine, accès aux ressources, patrimoines, capacités de production de richesses, marché de l’emploi, aides sociales, accès aux soins de santé…

Un des principaux rôles attendus de l’État est la régulation de ces inégalités pour tendre vers une égalité sociale, une égalité des droits, une égalité des chances… Il ne s’agit pas de nier les différences : certaines sont inhérentes à la nature, et elles sont une des grandes richesses de l’humanité ; ce sont elles qui permettent à chacun de découvrir et d’exprimer son individualité. Il ne s’agit pas non plus de viser à l’égalité parfaite, mais d’éliminer les discriminations de nos droits : Égalité politique, civile, sociale.

« Tous les hommes naissent libres et égaux devant la loi. »

Cette égalité n’est jamais acquise

Notre monde est en évolution perpétuelle, dans un mouvement entropique. Cela impose à l’État de devoir tendre en permanence vers plus d’égalité. Comme le rappelle Alain Etchegoyen : « Il doit, par exemple, faire en sorte que les hommes ne dominent pas les femmes, que les forts n’écrasent pas les faibles, que les dirigeants respectent les dirigés. Il doit lutter contre les égoïsmes qui poussent certaines personnes à profiter des inégalités naturelles. En même temps, il doit ne pas brimer la liberté de ceux qui travaillent ou se dépensent plus que les autres à l’école ou dans leur profession. Les femmes et les hommes doivent avoir des droits égaux, quelles que soient leurs inégalités naturelles. Mais le sens de l’égalité implique aussi que soient reconnus les efforts inégaux que font les uns et les autres. » L’égalité n’est donc jamais acquise. C’est une perspective, un idéal vers lequel on peut tendre, et qu’on n’atteindra jamais. Tout au plus peut-on aspirer à réduire ou contenir les inégalités…

L’inégalité des chances

Nous ne sommes pas égaux face à la chance. L’inégalité est indissociable de la chance. Si tout le monde gagnait au Loto, ce ne serait plus un jeu de hasard.

Comment la chance a-t-elle servi notre vie ? Peut-être sommes-nous nés en Europe, il y a quelques décennies, dans une famille bourgeoise relativement cultivée ? Comment se serait déroulée notre vie, si nous étions nés ailleurs, à un autre moment ou dans une autre famille ? Né au même moment, mais au Sahel ? Né en Europe, mais en 1920 ? Estimons-nous que les hasards qui ont conduit à notre naissance et à la vie que nous connaissons jusqu’à maintenant sont plus ou moins chanceux que ceux de la majorité de la population mondiale ?

Pourquoi, alors, parler d’égalité des chances ? Parce que, au Loto par exemple, à mise égale, chaque joueur a autant de chances de gagner que les autres. Les probabilités sont transparentes. La règle du jeu le garantit, et elle-même est contrôlée par des huissiers.

L’égalité, un progrès désiré par les hommes

L’égalité des chances est, par essence, dissociée de la chance. Elle est par contre associée à la justice et à la justesse. Elle est indépendante de la nature, mais dépendante des hommes. C’est-à-dire qu’il nous faut nous en préoccuper, la désirer, la mettre en œuvre, la mesurer, la protéger. Pour permettre son existence, il faut des règles, des lois, des systèmes… Elle permet alors aux humains de vivre avec moins de tensions, moins de conflits, plus d’harmonie.

Comme le dit le philosophe André Comte-Sponville, « L’égalité des chances, c’est le droit égal, pour chacun, de faire ses preuves, d’exploiter ses talents, de surmonter, au moins partiellement, ses faiblesses. C’est le droit de réussir, autant qu’on peut et qu’on le mérite. C’est le droit de ne pas rester prisonnier de son origine, autant que l’on peut et qu’on le mérite. C’est l’égalité, mais actuelle, face à l’avenir. C’est le droit d’être libre, en se donnant les moyens de le devenir. C’est comme une justice anticipée, et anticipatrice : c’est protéger l’avenir, autant que faire se peut, contre les injustices du passé, et même du présent. On n’y parvient jamais tout à fait. Raison de plus pour s’efforcer toujours de s’en approcher. »

Repenser l’ inégalité

Amartya Sen établit dans « Repenser l’ inégalité » (2012 ) un constat tout simple, mais de grande portée : le débat égalité ou liberté n’a pas de sens. Le débat entre égalitaristes et ultralibéraux porte en fait sur le choix entre deux types d’égalités : celle des revenus ou celle de la capacité d’utiliser librement ses revenus. « Toute théorie éthique, plausible et défendable de l’organisation sociale tend à exiger l’égalité dans un "espace" ; elle prévoit le traitement égalitaire des individus sur un plan important. » On ne pourra jamais obtenir l’égalité dans toutes les dimensions pertinentes, conclut Amartya Sen, la priorité accordée à l’égalité dans un champ donné va nécessairement de pair avec l’acceptation d’inégalités dans les autres. Quelles sont les dimensions auxquelles il est légitime d’accorder la priorité ? Cela relève bien sûr de choix subjectifs et individuels. Mais tous les choix ne se valent pas.

Dans son livre « L’économie des inégalités » (2015), Thomas Piketty pose d’autres questions : « L'inégalité est-elle pour l'essentiel la conséquence de la concentration du capital dans quelques mains, auquel cas la taxation et la redistribution du capital pourraient y mettre fin ? L'inégalité des salaires reflète-t-elle à peu près le jeu de l'offre et de la demande pour différents types de travail ? L'inégalité se transmet-elle principalement au niveau familial ? L'augmentation des dépenses d'éducation peut-elle diminuer de façon décisive l'inégalité des chances ? Les prélèvements sur les revenus élevés ont-ils atteint un niveau où toute redistribution supplémentaire réduirait dangereusement l'incitation au travail, ou ces effets sont-ils d'une ampleur négligeable ? Les systèmes modernes de prélèvements et de transferts assurent-ils une redistribution appréciable, ou est-il opportun de les réformer largement ? »

Le retour de la croissance… des inégalités

Les siècles derniers ont vu l’accomplissement de progrès majeurs en termes de réduction des inégalités : droits de l’homme, droits des femmes, droits des travailleurs, sécurité sociale, éducation, mutuelles… Or, les progrès technologiques récents de notre civilisation et sa globalisation ont donné un coup de frein à la dynamique humaniste cristallisée par Les Lumières.

De nouvelles inégalités se creusent, et elles sont dangereuses. Inégalité des chances devant l’accès aux savoirs et compétences complexes ou sophistiqués nécessaires à concurrencer les intelligences artificielles, les robots et les machines. Inégalités entre les revenus de l’argent et ceux du travail (croissance des revenus nulle chez les plus faibles, accélérée pour ne pas dire exponentielle chez les plus riches). Inégalités des pouvoirs (méga-sociétés mondiales richissimes contre états-nations endettés et isolés)… Inégalités fiscales (filiales off-shore des multinationales contre classes moyennes surtaxées). Inégalités entre les héritages laissés aux générations (quel monde laisse-t-on à nos enfants ?)

Et nous, que faisons-nous?

Si l’égalité est l’affaire de tous, c’est donc aussi la nôtre. Quel progrès désirons-nous ? Comment pouvons-nous contribuer à l’orienter dans le sens souhaité ? Comment répartir les responsabilités, les droits, les connaissances et les richesses afin de favoriser une vie collective harmonieuse et durable ? Autant de questions qui seront abordées, parmi d’autres, au cours de l'édition 2018 de l'université d'été Trans-mutation. Il y sera bien sûr question de bienveillance. Nous en reparlerons.

Entre temps, vos idées et avis seront appréciés. Partagez-les avec nous, ci-dessous.

En toute bienveillance,

Pierre

 

Photo : Maid Milinkic / Unsplash

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